21 octobre 2014

Les revers de la micro finance : microfinance Agar rends-moi ma moto

haojue escort
Haojue escort

Demandez aux jeunes Togolais, ils vous le diront. En dépit des difficultés pécuniaires, nous rêvons tous d’une belle moto, une toute nouvelle moto. J’ai donc décidé d’être à la mode. Ce n’est pas moi le plus paumé de tous. Malgré le chômage et la galère ambiante, j’ai décidé de serrer la ceinture, devenir gringalet s’il le faut. Pourvu que je cotise pour m’offrir une moto.
Comme l’argent est le plus convoité des acquis, il me faut le protéger, le conserver de toutes autres mains, à l’abri de tous autres besoins et surtout de la faim du lendemain. Mon ami Samson, agent de Coopec Agar  (Action génération avenir radieux), me revendit les avantages de l’épargne et m’a promis un prêt pour acquérir ma moto. J’ai fini par céder, malgré les mauvais souvenirs que je garde des microfinances , j’ai perdu huit mille francs CFA avec la micro finance IHD. Cette microfinance a fait faillite).

billets de banque CFA
Billets de banque CFA

Il me céda un carnet de tontine. Je pris sur moi de suivre coûte que coûte la mise de cinq cents francs CFA) journalière. Que ce fut difficile ! Tant de jours sans pain. Et me voilà habitué à la faim. On dit souvent que l’appétit vient à mangeant. Moi je vous dis le goût d’épargne vient en rêvant à ses usufruits. J’épargnais tout. J’ai mis un point à tous mes désirs charnels et j’ai réglementé ma cotisation dominicale. Je mangeais peu. Je refusais des visites coquines, car toute visite d’une dulcinée nécessite des dépenses fortuites.
Il me faut atteindre coût que coût deux cent mille francs CFA, pour bénéficier d’un prêt. Lequel multipliera par trois cette somme pour m’offrir ma moto Escort en plus de l’immatriculation. En cinq mois, c’est-à-dire en juin de cette année, mon compte était crédité d’une somme de 125 000 F CFA. Il me restait selon mes estimations 3 mois, pour être détenteur d’une moto Escort.

Tout allait pour le mieux. Un jeudi matin, j’ai dû aller pour Asdi, une association dont je suis le chargé de communication, à Kpalimé. L’après-midi, Samson me sonna et me somma de venir avant 17 h retirer ma somme. Tshiééé !!! C’est encore quelle histoire ? Il sonnait à ma montre 15 h 43. Comme Kpalimé est à deux heures de route de Lomé et qu’il était tard  je ne pouvais pas revenir. Je rappelai néanmoins Samson. Il me confia tout confus qu’ « il semblerait que leurs microfinances fassent faillite ».
Dès le lundi à 7 heures, nous nous pointâmes par millier au bureau de la microfinance Agar. Il était fermé. Deux, trois jours, nous ne vîmes personne. La foule s’attaqua aux agents de tontine. Moi, j’ai décidé d’attenter un procès à la microfinance. Mais qui suis-je moi ? Que pourrais-je faire ? J’ai juste appris par Samson, que le DG de la micro finance Agar est en prison et que l’affaire se réglera bientôt. J’ai eu de la peine, pas pour moi, mais pour ses bonnes dames, combattantes du quotidien pour un pain sans beurre et qui malgré tout épargnent pour des buts plus importants. Moi, j’ai broyé du noir pendant un bon moment. Puis, j’ai décidé de donner ma langue au chat.

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