un rabais qui plombe le paysan
Qu’il est beau et agréable de voir nos villes à l’approche des fêtes. Ainsi, nous avons tous vu dans les artères de la capitale de divers gammes de volailles : des poules pondeuses, de divers sortes de poulets de chair, des pintades venus exprès du nord du pays, des canards pour ceux qui adorent le canard laqué et savent l’apprécier, des dindes pour d’autres qui savent les farcir. On n’y voyait aussi des caprins et des porcins. Les fruits et légumes n’en étaient pas du reste. On appréciait la fraicheur des laitues, véritable entrée pour la majorité des familles Togolaises à ces jours festifs.
Au vue de tous ces beaux produits, vous grouillez d’admiration dans un premier temps puis d’envie dans un second. Vous vous imaginez en ce temps de crise, la fortune qu’ils feront. Et tout au fond de vous, vous vous jurez de ne pas vous laisser tricher par ces bonnes femmes, intermédiaires entre eux (paysans) et vous. Elles, que vous accusez souvent à tort de rehausser volontairement à leur profit les prix des produits agricoles.
Aujourd’hui, la fête est finie. C’est le temps de faire les comptes. Vous, voir vos sorties et eux leurs entrées (argent). L’opération effectuée, vous vous félicitez d’avoir moins dépensé en ce temps de crise comparativement à l’année passée. Et nos pauvres paysans se plaignent et se lamentent d’avoir vendu à perte. Vous vous dites pour vous soulager la conscience : c’est chacun pour soi.
En ce jour où chaque citoyen, chaque gouvernement, porte à bout de bras leur agriculture, nous sommes là à l’enliser avec nos questions de rabais. Dites-moi : si vous allez payer une télévision chez les Agouda yovo (les blancs d’origine arabe) du Ramco demandez-vous des rabais, discutez-vous du moins peu soit-il du prix ? Vous payez cash sans broncher ladite somme. Mais si c’est pour payer auprès des vôtres, vos agriculteurs, si ce n’est pas à crédit, c’est tout un spectacle :
– Vous : Combien coûte ce poulet bien gras ?
– Paysan : Quatre mille (4 000) francs seulement.
– Vous : Quoi ? Quatre mille (4 000) francs ! Hum ! Chuan ! Ma kponou tchan (on aura tout vu)! Moi j’ai que deux mille (2 000) francs et c’est à prendre ou à laisser. (idem pour les autres produits agricoles)
Dites, c’est à laisser à qui ? Si ce n’est à nous, qui sommes leurs seuls et uniques clients. Et vous partez vous offrir des poulets levés du corps (des poulets congelés importés d’Europe) que vous savourez allègrement dans l’ignorance des produits utilisés pour l’élevage et dans la conservation de ces poulets. Et eux (les paysans), inquiets de ne pas pouvoir écouler leurs produits et soucieux d’honorer leurs créanciers vous bradent leurs produits au péril de leurs jeunes entreprises.
Devrions-nous seulement nous limiter à crier : « consommer produit Togolais ? » Le consommions-nous vraiment ? Il est tant pour tout un chacun de nous d’aider nos agriculteurs.